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  1. Dès le début de la Première Guerre mondiale, alors que la mobilisation au cœur de l'été avait interrompu la vie mondaine, Mme Edwards était restée une hôtesse très active, ses relations avec de hautes personnalités du gouvernement autant qu'avec les milieux musicaux et littéraires avancés faisant de son salon un haut-lieu politico-artistique. Selon sa biographie par Arthur Gold et Robert Fizdale (Misia: The Life of Misia Sert, New York, Vintage Books, 1992, p. 162-212), elle avait organisé un réseau d'ambulances dès le début du conflit, plusieurs grands couturiers dont les maisons avaient fermé ayant accepté de mettre à sa disposition leurs camionnettes et voitures pour en faire des ambulances, et elle se rendait elle-même sur le front pour ramener des blessés en compagnie de Sert et de Cocteau (pour qui le couturier Poiré avait élaboré des costumes appropriés au contexte de la guerre). Pendant les attaques aériennes sur Paris, elle restait dehors ou à son balcon avec ses hôtes pour observer le spectacle, ayant une vision esthétisante et exaltée de ces événements insolites. Ses soirées réunissaient de nombreux artistes, dont Cocteau, Satie, Gide, Jacques-Émile Blanche, ou des musiciens et artistes des Ballets russes sur le destin desquels elle veillait. Du fait des restrictions sur le charbon, elle recevait le plus souvent dans son appartement privé à l'Hôtel Meurice, ne pouvant chauffer son appartement du 29, quai Voltaire. — Bien que Proust ne commente pas ici dans sa lettre à Lucien Daudet cette première soirée mondaine à laquelle il a assisté depuis la mobilisation (« trop à dire »), il a dû en tirer un train de réflexions qui, enrichies par de nombreuses autres soirées (notamment en 1916-1917), ont alimenté le récit des mondanités parisiennes pendant la guerre, et en particulier la mutation du salon « artiste » de Mme Verdurin en un salon politico-artistique de premier plan (voir RTP, IV, p. 301-313). [FL]