CP 05411/en: Difference between revisions

From Corr-Proust Wiki
Jump to navigation Jump to search
(Created page with "<ref name="n5"> Note 5 </ref>")
(Created page with "<ref name="n6"> Note 6 </ref>")
Line 33: Line 33:
<ref name="n5"> Note 5 </ref>
<ref name="n5"> Note 5 </ref>


<ref name="n6"> Adrien Proust et Samuel Pozzi étant liés professionnellement, les deux familles se fréquentaient : « Son souvenir, sa belle image, sont liés à toute mon enfance, à toute ma jeunesse […], tantôt dînant chez mes parents, tantôt nous recevant place Vendôme […] » (voir la lettre de Proust à Jean Pozzi du [samedi 15 juin 1918] : CP 03556 ; Kolb, XVII, n° 116). Mondain, ami des artistes et des écrivains (dont Leconte de Lisle, mais aussi Sarah Bernhardt, Anatole France, etc.), Pozzi jouissait auprès du jeune Proust du prestige que l'écrivain attribuera à Swann. Comme Swann dans le roman, c'est Pozzi qui offrit à Marcel Proust adolescent son entremise pour lui faire rencontrer des écrivains qu'il admirait. (Voir Lawrence Joseph, « Marcel Proust et "Docteur Dieu" : lettres inédites à Samuel Pozzi », BMP, n° 51, 2001, p. 13-15 et p. 19.) [LJ, FL] </ref>
<ref name="n6"> Note 6 </ref>


<ref name="n7"> Proust écrit également à Lucien Daudet [le lundi 16 novembre 1914, ou peu après] : « je vais passer un conseil de révision et je serai probablement pris, car on prend tout le monde. Du reste j'ai été stupide car je n'avais pas à me faire inscrire, ayant été rayé des cadres comme officier et ces Conseils n'étant que pour les soldats [...] » (CP 02844 ; Kolb, XIII, n° 193). [LJ] </ref>
<ref name="n7"> Proust écrit également à Lucien Daudet [le lundi 16 novembre 1914, ou peu après] : « je vais passer un conseil de révision et je serai probablement pris, car on prend tout le monde. Du reste j'ai été stupide car je n'avais pas à me faire inscrire, ayant été rayé des cadres comme officier et ces Conseils n'étant que pour les soldats [...] » (CP 02844 ; Kolb, XIII, n° 193). [LJ] </ref>

Revision as of 15:31, 1 March 2021


Other languages:

Marcel Proust à Samuel Pozzi [le 5 ou 6 novembre 1914]

(Cliquez le lien ci-dessus pour consulter cette lettre et ses notes dans l’édition numérique Corr-Proust, avec tous les hyperliens pertinents.)

102 boulevard Haussmann[1]

Cher Monsieur

Ne croyez pas que je vous écris pour moi et qu’après l’insuccès de ma visite de l’autre jour[2], j’insiste. Non, je suis un simple agent de transmission aujourd´hui. Reynaldo Hahn actuellement à Albi mais qui part pour le front[3] me télégraphie en me priant de me charger d’une commission pour vous et de vous demander, de sa part, si vous pouviez le recommander au médecin-major Vigne, médecin-major à quatre galons du 56e Régiment d'Infanterie[4]. Reynaldo le connaît mais pouvant avoir à lui demander divers services, estime que votre puissante recommandation aurait pour lui une salutaire influence. Quand j’ai reçu ce télégramme j’ai hésité un instant. J’ai eu si peur qu’à la vue de l’enveloppe vous ne supposiez que je revenais vainement à la charge que j’ai voulu écrire à Reynaldo que je ne pouvais transmettre sa commission mais j’ai pensé que mon affection pour lui devait passer outre à la crainte de ce malentendu que d’ailleurs la lecture de ma lettre dissiperait tout de suite. Et je sais que vous aussi l’aimez beaucoup.

Cher Monsieur bien que d’homme à homme ce genre de compliments soit peu agréable, mais un écrivain doit oublier qu’il a un sexe et se faire la voix de tous, j’aurais voulu dire l’autre jour que de toutes les œuvres d’art que j'ai vues chez vous l’autre jour celle que j’ai encore le plus admirée, c’est vous-même ! Pendant que vous me montriez le merveilleux portrait de Sargent[5] et que vous vous excusiez sur la dissemblance avec le modèle actuel, je n’osais vous dire, à cause du même sentiment de gêne que je disais tout à l’heure, que vous êtes, à l’heure actuelle, mieux. Je puis en juger, moi qui vous ai connu quand j’étais encore enfant, et que vous aviez pour moi le grand prestige d’être l’ami de Leconte de Lisle[6]. À en parler en pure esthétique, je crois que l’argent dont est semée votre barbe, (et à cause de la douceur que cette tonalité ajoute à votre visage) vous grime de façon plus seyante encore que le rouge de Sargent. Je comparais les deux effigies et préférais la seconde. Je ne sais rien pour ma réforme, je me suis fait inscrire à ma mairie, à Paris, mais sans faire état de ma qualité d’officier. Je serai donc convoqué à passer le Conseil de révision comme simple soldat, si je suis appelé ce qui est incertain[7].

Veuillez agréer cher Monsieur mes hommages bien respectueux.

Marcel Proust

[8] [9]

Notes

  1. Note 1
  2. Note 2
  3. Note 3
  4. Note 4
  5. Note 5
  6. Note 6
  7. Proust écrit également à Lucien Daudet [le lundi 16 novembre 1914, ou peu après] : « je vais passer un conseil de révision et je serai probablement pris, car on prend tout le monde. Du reste j'ai été stupide car je n'avais pas à me faire inscrire, ayant été rayé des cadres comme officier et ces Conseils n'étant que pour les soldats [...] » (CP 02844 ; Kolb, XIII, n° 193). [LJ]
  8. (Notes de traduction)
  9. (Contributeurs)