CP 03024

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Marcel Proust à Madame Scheikévitch [peu après le mercredi 3 novembre 1915]

(Cliquez le lien ci-dessus pour consulter cette lettre et ses notes dans l’édition numérique Corr-Proust, avec tous les hyperliens pertinents.)

[1]

À Madame Scheikévitch

Madame, vous voulez savoir ce que Mme Swann est devenue en vieillissant. C'est assez difficile à vous résumer. Je peux vous dire qu'elle est devenue plus belle : « Cela tenait surtout à ce qu'arrivée au milieu de la vie, Odette s'était enfin découvert, ou inventé, une physionomie personnelle, un «  caractère » immuable, un « genre » de beauté ; et sur ses traits décousus – qui pendant si longtemps, livrés aux caprices hasardeux et impuissants de la chair, prenant, à la moindre fatigue, des années pour un instant, une sorte de vieillesse passagère, lui avaient composé tant bien que mal, selon son humeur et selon sa mine, un visage épars, journalier, informe et charmant – elle avait appliqué ce type fixe comme une « jeunesse immortelle[2] ».

Vous verrez sa société se renouveler[3] ; pourtant (sans en savoir la raison qu'à la fin) vous y retrouverez toujours Mme Cottard[4] qui échangera avec Mme Swann des propos comme ceux-ci : « Vous me semblez bien belle dit Odette à Mme Cottard. Redfern fecit[5] ? » « Non vous savez que je suis une fidèle de Raudnitz[6]. Du reste c'est un retapage. » « Hé bien, cela a un chic ! » « Combien croyez-vous ? » « Non, changez le premier chiffre[7] » « Oh ! c'est très mal vous donnez le signal du départ, je vois que je n'ai pas de succès avec mon thé. Prenez donc encore un peu de ces petites saletés-là, c'est très bon[8] ».

Mais j'aimerais mieux vous présenter les personnages que vous ne connaissez pas encore, celui surtout qui joue le plus grand rôle et amène la péripétie[9], Albertine. Vous la verrez quand elle n'est encore qu'une « jeune fille en fleurs » à l'ombre de laquelle je passe de si bonnes heures à Balbec[10]. Puis quand je la soupçonne sur des riens, et pour des riens aussi lui rends ma confiance – « car c'est le propre de l'amour de nous rendre à la fois plus défiant et plus crédule[11] ». — J'aurais dû en rester là. « La sagesse eût été de considérer avec curiosité, de posséder avec délices cette petite parcelle de bonheur à défaut de laquelle je serais mort sans avoir jamais soupçonné ce que le bonheur peut être pour des cœurs moins difficiles ou plus favorisés. J'aurais dû partir, m'enfermer dans la solitude, y rester en harmonie avec la voix que j'avais su rendre un instant amoureuse et à qui je n'aurais dû plus rien demander que de ne plus s'adresser à moi, de peur que par une parole nouvelle qui ne pouvait plus être que différente, elle vînt blesser d'une dissonance le silence sensitif où, comme grâce à quelque pédale, aurait pu survivre la tonalité du bonheur[12]. » Du reste peu à peu je me fatigue d'elle, le projet de l'épouser ne me plaît plus ; quand, un soir, au retour d'un de ces dîners chez « les Verdurin à la campagne » où vous connaîtrez enfin la personnalité véritable de M. de Charlus[13], elle me dit en me disant bonsoir que l'amie d'enfance dont elle m'a souvent parlé, et avec qui elle entretient encore de si affectueuses relations, c'est Mlle Vinteuil. Vous verrez la terrible nuit que je passe alors, à la fin de laquelle je viens en pleurant demander à ma mère la permission de me fiancer à Albertine[14]. Puis vous verrez notre vie commune pendant ces longues fiançailles, l'esclavage auquel ma jalousie la réduit, et qui, réussissant à calmer ma jalousie, fait évanouir, du moins je le crois, mon désir de l'épouser[15]. Mais un jour si beau que pensant à toutes les femmes qui passent, à tous les voyages que je pourrais faire, je veux demander à Albertine de nous quitter, Françoise en entrant chez moi me remet une lettre de ma fiancée qui s'est décidée à rompre avec moi et est partie depuis le matin. C'était ce que je croyais désirer ! et je souffrais tant que j'étais obligé de me promettre à moi-même qu'on trouverait d'ici le soir un moyen de la faire revenir[16]. « J'avais cru tout à l'heure que c'était ce que je désirais. En voyant combien je m'étais trompé, je compris combien la souffrance va plus loin en psychologie que le meilleur psychologue, et que la connaissance des éléments composants de notre âme, nous est donnée non par les plus fines perceptions de notre intelligence mais – dure, éclatante, étrange comme un sel soudain cristallisé – par la brusque réaction de la douleur[17]. » Les jours suivants je peux à peine faire quelques pas dans ma chambre, « je tâchais de ne pas frôler les chaises, de ne pas apercevoir le piano, ni aucun des objets dont elle avait usé et qui tous, dans le langage particulier que leur avaient fait mes souvenirs, semblaient vouloir me traduire à nouveau son départ. Je tombai dans un fauteuil, je n'y pus rester, c'est que je ne m'y étais assis que quand elle était encore là ; et ainsi à chaque instant il y avait quelqu'un des innombrables et humbles moi qui nous composent, à qui il fallait notifier son départ, à qui il fallait faire écouter ces mots inconnus pour lui : « Albertine est partie[18]. » Et ainsi pour chaque acte, si minime qu'il fût, qui auparavant baignait dans l'atmosphère de sa présence, il me fallait, à nouveaux frais, avec la même douleur, recommencer l'apprentissage de la séparation. Puis la concurrence des autres formes de la vie... Dès que je m'en aperçus je sentis une terreur panique. Ce calme que je venais de goûter, c'était la première apparition de cette grande force intermittente qui allait lutter contre la douleur, contre l'amour et finirait par en avoir raison[19]. » Il s'agit de l'oubli mais la page est déjà à demi couverte et je suis obligé de passer tout cela si je veux vous dire la fin. Albertine ne revient pas, j'en arrive à souhaiter sa mort pour qu'elle ne soit pas à d'autres. « Comment Swann avait-il pu croire jadis que si Odette périssait victime d'un accident, il eût retrouvé sinon le bonheur, du moins le calme par la suppression de la souffrance. La suppression de la souffrance ! Ai-je vraiment pu le croire, croire que la mort ne fait que biffer ce qui existe[20]. » J'apprends la mort d'Albertine.

Pour que la mort d'Albertine eût pu supprimer mes souffrances, il eût fallu que le choc l'eût tuée non seulement hors de moi comme il avait fait, mais en moi. Jamais elle n'y avait été plus vivante. Pour entrer en nous, un être est obligé de prendre la forme, de se plier au cadre du Temps ; ne nous apparaissant que par minutes successives, il n'a jamais pu nous livrer de lui qu'un seul aspect à la fois, nous débiter de lui qu'une seule photographie. Grande faiblesse sans doute pour un être de ne consister qu'en une collection de moments ; grande force aussi : car il relève de la mémoire et la mémoire d'un certain moment n'est pas instruite de ce qui s'est passé depuis ; le moment qu'elle a enregistré dure encore et avec lui vit l'être qui s'y profilait. Émiettement d'ailleurs qui ne fait pas seulement vivre la morte mais la multiplie. Quand j'étais arrivé à supporter le chagrin d'avoir perdu une de ces Albertine, tout était à recommencer avec une autre, avec cent autres. Alors ce qui avait fait jusque-là la douceur de ma vie, la perpétuelle renaissance des moments anciens, en devint le supplice[21]. (Diverses heures, saisons.) J'attends que l'été finisse, puis l'automne. Mais les premières gelées me rappellent d'autres souvenirs si cruels, qu'alors, comme un malade (qui se place lui au point de vue de son corps, de sa poitrine et de sa toux, mais moi moralement) je sentis ce que j'avais encore le plus à redouter pour mon chagrin, pour mon cœur, c'était le retour de l'hiver. Lié à toutes les saisons, pour que je perdisse le souvenir d'Albertine, il aurait fallu que je les oubliasse toutes, quitte à les réapprendre comme un hémiplégique qui rapprend à lire. Seule une véritable mort de moi-même m'eût consolé de la sienne. Mais la mort de soi-même n'est pas chose si extraordinaire, elle se consomme malgré nous chaque jour[22].

Puisque rien qu'en pensant à elle, je la ressuscitais, ses trahisons ne pouvaient jamais être celles d'une morte ; l'instant où elle les avait commises, devenait l'instant actuel non pas seulement pour elle mais pour celui de mes « moi » évoqués, qui la contemplais. De sorte qu'aucun anachronisme ne pourrait jamais séparer le couple indissoluble où à chaque nouvelle coupable, s'appariait aussitôt un jaloux toujours contemporain[23]. Après tout, il n'est pas plus absurde de regretter qu'une morte ignore qu'elle n'a pas réussi à nous tromper, que de désirer que dans deux cents ans notre nom soit connu. Ce que nous sentons existe seul pour nous, nous le projetons dans le passé, dans l'avenir, sans nous laisser arrêter par les barrières fictives de la mort[24].

Et quand mes grands souvenirs ne me la rappelèrent plus, de petites choses insignifiantes eurent ce pouvoir. Car les souvenirs d'amour ne font pas exception aux lois générales de la mémoire elle-même régie par l'Habitude laquelle affaiblit tout. Et ainsi ce qui nous rappelle le mieux un être, c'est justement ce que nous avions oublié parce que c'était sans importance[25].

Je commençai à subir peu à peu la force de l'oubli, ce puissant instrument d'adaptation à la réalité, destructeur en nous de ce passé survivant qui est en constante contradiction avec elle. Non pas que je n'aimasse plus Albertine. Mais déjà je ne l'aimais plus comme dans les derniers temps mais comme en des jours plus anciens de notre amour. Avant de l'oublier tout à fait, il me faudrait, comme un voyageur qui revient par la même route, au point d'où il est parti, avant d'atteindre à l'indifférence initiale traverser en sens inverse tous les sentiments par lesquels j'avais passé. Mais ces étapes ne nous semblent pas immobiles. Tandis que l'on est arrêté à l'une d'elles, on a l'illusion que le train repart dans le sens du lieu d'où l'on vient comme on avait fait la première fois. Telle est la cruauté du souvenir[26].

Albertine n'aurait rien pu me reprocher. On ne peut être fidèle qu'à ce dont on se souvient, on ne peut se souvenir que de ce qu'on a connu. Mon moi nouveau tandis qu'il grandissait à l'ombre de l'ancien qui mourait avait souvent entendu celui-ci parler d'Albertine. À travers les récits du moribond, il croyait la connaître, l'aimer. Mais ce n'était qu'une tendresse de seconde main[27].

Comme certains bonheurs, il y a des malheurs qui nous arrivent trop tard, quand ils ne peuvent plus prendre en nous la grandeur que plus tôt ils auraient eue[28]. Quand j'appris cela j'étais déjà consolé. Et il n'y avait pas lieu d'en être étonné. Le regret est bien un mal physique, mais entre les maux physiques, il faut distinguer ceux qui n'agissent sur le corps que par l'intermédiaire de la mémoire. Dans le dernier cas le pronostic est généralement favorable. Au bout de quelque temps un malade atteint de cancer sera mort. Il est bien rare qu'un veuf inconsolable au bout du même temps ne soit pas guéri[29].

Hélas Madame le papier me manque au moment où ça allait devenir pas trop mal !

Votre Marcel Proust


[30] [31]

Notes

  1. Dans une lettre du [2 ou 3 novembre 1915], Proust annonce à Marie Scheikévitch, en deuil d’un frère tombé au front (voir CP 02892 ; Kolb, XIV, nº 3), qu'il va lui renvoyer « dans quelques jours » son exemplaire de Du côté de chez Swann où il a « entrepris de résumer pour [elle] sur les pages blanches […] un épisode entièrement différent du reste et le seul qui puisse actuellement trouver dans [son] cœur meurtri des affinités de douleur » (CP 03020 ; Kolb, XIV, n° 132). L'envoi de cette lettre-dédicace doit donc se situer peu après le 3 novembre 1915. Les fac-similés d'après lesquels nous avons revu la transcription proviennent du volume Lettres à Madame Scheikévitch (voir la rubrique « Publications antérieures » dans Informations). [PK, FL, NM, FP]
  2. Cette dédicace est pour la plupart un centon de citations tirées par Proust de ses brouillons, entre lesquelles il se livre à des résumés ou paraphrases rapides de l’intrigue. On notera l'ambiguïté du « je », à égalité avec Odette, Mme Cottard, Albertine ou Charlus, qui sont bien présentés, eux, comme des personnages. Ici, Proust semble avoir sous les yeux un placard du deuxième volume, imprimé par Grasset en juin 1914 (NAF 16761, placard 43, col. 4-5) : il adapte la phrase d’introduction (« Mais cela tenait aussi à ce que arrivée au milieu de la vie elle s’était enfin… »), puis en suit très fidèlement le texte. Voir RTP, I, 606. [NM]
  3. Le salon d'Odette, limité à des responsables de ministères, prend un nouvel essor pendant l'affaire Dreyfus (RTP, III, 141-144). [FL]
  4. Si Odette invite si régulièrement les Cottard, c’est parce qu’elle est la maîtresse du docteur. Cette révélation est annoncée plusieurs fois dans le roman (RTP, I, 507 et II, 625). Mais la paperole correspondante, tombée d’un cahier, n'a été publiée pour la première fois qu'en 1983 : après la mort de Cottard, « une correspondance pourtant bien froide de ton mais pleine de petits faits que le docteur lui avait expliqués autrement acheva Mme Cottard en lui révélant que son mari n'avait jamais cessé d'entretenir à intervalles fixes, des relations avec Odette. […] Il l'avait connue toute jeune, quand elle était elle-même peu connue (c'était lui qui l'avait introduite chez les Verdurin plus tard). Il lui donnait chaque fois une toute petite somme et était resté avec elle comme un vieux client, aux mêmes prix dérisoires, même quand elle était devenue une grande cocotte, puis Mme Swann, puis Mme de Forcheville, puis quand le duc de Guermantes [eut] dépensé pour elle des millions » (voir Denise Mayer, « Les caractères immortels », Commentaire, 1983/4, n° 22, p. 373-378 ; citation p. 374-375). [NM]
  5. Redfern & Sons, maison de couture britannique, « couturier breveté de toutes les Cours de l’Europe. Fourrures. 242, rue de Rivoli, Paris. Succursales à Aix-les-Bains, l’Été & l’Hiver à Nice, à Cannes, à Monte-Carlo. » (Couverture de dos du Tout-Paris, 1894). [PK, FL, NM]
  6. Il existait deux maisons Raudnitz : celle d'Ernest, le frère, 8, rue Royale ; les sœurs tenaient Raudnitz et Cie, 21, place Vendôme. Tout-Paris, 1904, p. 65. [PK, FL, NM]
  7. Proust a sous les yeux le placard Grasset n° 42 de juin 1914, col. 8. La phrase : « Du reste c'est un retapage » n'y est pas imprimée ; l'écrivain doit donc la recopier d'après un ajout manuscrit. Voir RTP, I, 588-589. [NM]
  8. Proust ne suit pas ici littéralement le texte du placard Grasset n° 42, col. 8, et la citation comprend une phrase qui n'y est pas imprimée : « Prenez donc encore un peu de ces petites saletés[-]là, c'est très bon ». C'est un nouvel indice que la révision des placards de 1914 est bien entamée. À cette époque, ce passage (voir RTP, I, 593) et le précédent (voir RTP, I, 588-589) sont encore contigus : Proust se livrera plus tard à un « intercalage » de plusieurs pages. [NM]
  9. Le terme appartient à la poétique de la tragédie, comme celui d'« épisode » par lequel Proust désignait l'histoire d'Albertine. Voir sa lettre de [peu après le 12 décembre 1919] à André Chaumeix : « c'est le ressouvenir de cet épisode [la scène de Montjouvain] qui en excitant la jalousie du narrateur […] amenait ce qu'on apelait au théâtre la péripétie » (CP 03988 ; Kolb, XVIII, n° 308). [NM]
  10. Allusion au premier séjour à Balbec. En novembre 1915, il n’existe plus que deux séjours à Balbec, et non trois comme à l’origine, le premier étant sans jeunes filles. [NM]
  11. Proust a ouvert ici le Cahier 46 au f. 81r, et mis au net l'addition marginale : « N’est-ce pas d’ailleurs le propre de l’amour de nous rendre à la fois plus défiant et plus crédule » (voir Julie André, « Le Cahier 46 de Marcel Proust : transcription et interprétation », Université Paris Sorbonne nouvelle, 2009 ; cf. Cahier IV, f. 127r et RTP, III, 227, où les adjectifs sont au pluriel). Sur les « riens », voir aussi Cahier 46, f. 85r, les « petits riens morbides pour mon être prédisposé ». [NM]
  12. Ce passage est copié d’après le Cahier 46, f. 81v et figurait déjà en position de clausule à propos de Maria dans le Cahier 64, au f. 82r (voir la notice d'Antoine Compagnon, RTP, III, 1241-1242). Or la note de régie de Proust dans le Cahier 64 : « mettre ici la phrase du 1er volume la tonalité comme par quelque pédale la tonalité du bonheur » suggère une antériorité génétique plus importante encore. On trouve en effet déjà le passage, sous une forme plus ample, à la fin de la scène de la lecture par Maman dans « Combray ». Il y figure sur deux pages retapées de la dactylographie primitive de 1909 (NAF 16733, « Deuxième » dactylographie, f. 80r et 81r). Pour le texte définitif dans SG II, voir RTP, III, 229. [NM]
  13. Proust hésiterait-il sur la place de la rencontre entre Charlus et Jupien, qui n’aurait pas encore eu lieu au moment du second séjour à Balbec ? Ne faut-il pas penser, plutôt, que, « s’adressant à Mme Scheikévitch », il « répugne à faire allusion » à cet épisode scabreux ? Voir A. Compagnon, RTP, III, 1242, note 1. [NM]
  14. Les passages auxquels Proust fait allusion (retour d’un dîner « à la campagne », c’est-à-dire à la Raspelière, chez les Verdurin, aveu involontaire d’Albertine, désespoir du héros) sont narrés à la fin du Cahier 72 et au début du Cahier 53, respectivement numérotés Cahier « n° IV » et Cahier « n° V » de l’« Épisode ». Voir notamment Cahier 53, f. 1r-4r. [NM]
  15. Proust résume ici à grands traits la captivité d’Albertine, développée dans les Cahiers 53, 73 et 55, soit les Cahiers « n° V », « n° VI » et « n° VII » de l’« Épisode ». [NM]
  16. Voir Cahier 55, f. 42r-46r. Cf. III, 911-915 et La Fugitive, Cahiers d’Albertine disparue, éd. de N. Mauriac Dyer, Le Livre de poche « classique », 1993, p. 7-8. [NM]
  17. Voir Cahier 55, les folios 47r-48r, que Proust à la fois met au net et condense (cf. La Fugitive, Cahiers d’Albertine disparue, éd. citée, p. 7-8). Ce passage se trouvera en 1922 à la charnière entre La Prisonnière (Sodome et Gomorrhe III) et La Fugitive (Sodome et Gomorhe IV), et Proust le travaillera encore sur la dactylographie d’« Albertine disparue ». Sa provenance a été identifiée, comme celle de la plupart des passages suivants, par Kazuyoshi Yoshikawa dans sa thèse « Études sur la genèse de La Prisonnière d’après des brouillons inédits », Université de Paris-Sorbonne, 1976 (voir t. I, p. 8-12 et t. II, Annexe, p. 344-351). [PK, FL, NM]
  18. Voir Cahier 55, f. 51r (K. Yoshikawa, thèse citée, t. I, p. 10-11). Cf. RTP, IV, 13-14. [PK, FL, NM]
  19. Voir Cahier 55, f. 56r. La moitié inférieure de la page a été ultérieurement découpée par Proust et collée dans le Cahier de mise au net XII, f. 40r (après « autres formes de la… » ; voir K. Yoshikawa, thèse citée, Annexe, t. II, p. 345). Cf. RTP, IV, 31. [PK, FL, NM]
  20. Dans cette citation, Proust résume puis recopie un passage de deux pages du Cahier 55 situées après l’actuel folio 61, pages qu’il découpera et collera ensuite dans le Cahier XII (f. 73r-74r ; voir K. Yoshikawa, thèse citée, Annexe, t. II, p. 345-346). Cf. RTP, IV, 57. Sur le souhait de Swann, voir RTP, I, 349. [PK, FL, NM]
  21. Proust emprunte ici à deux pages du Cahier 55 qu’il collera ensuite dans le Cahier XII, f. 79-80. Il omet maintenant les guillemets : la copie est pourtant souvent littérale (voir K. Yoshikawa, thèse citée, Annexe, t. II, p. 346-347). Cf. RTP, IV, 60. [PK, FL, NM]
  22. Le retour douloureux des « diverses heures, saisons », est longuement décliné dans le Cahier 55 à partir du f. 62 ; il y contourne des morceaux écrits antérieurement comme le pastiche Goncourt (f. 63-78) et reprend à partir du f. 82. La majeure partie sera découpée et collée dans le Cahier XII, comme ce fragment recopié dans la lettre-dédicace (« alors, comme un malade, se plaçant, lui, au point de vue de sa poitrine et de sa toux […] elle se consomme malgré nous chaque jour »), qui se trouvait à l’origine placé après le f. 93 du Cahier 55 (Cahier XII, envers du papier collé au f. 98). Cf. RTP, IV, 65-66. [PK, FL, NM]
  23. Voir Cahier 56, f. 1v (K. Yoshikawa, thèse citée, Annexe, t. II, p. 347-348). Le Cahier 56 est le dernier de la série des Cahiers de l’« Épisode » auxquels recourt Proust (« n° VIII »). À nouveau, on remarque qu’il omet de placer la citation entre guillemets. Cf. RTP, IV, 72. [PK, FL, NM]
  24. Voir Cahier 56, le feuillet qui se trouvait à l’origine après le f. 18, et que Proust a plus tard découpé et collé dans le Cahier de mise au net XIII, f. 33 (K. Yoshikawa, thèse citée, Annexe, t. II, p. 348). À nouveau, on remarque que Proust omet les guillemets. Cf. RTP, IV, 109, et la var. b. [PK, FL, NM]
  25. À nouveau sans signaler la citation par des guillemets, Proust adapte puis recopie ici un passage du Cahier 56: « Capitalissime / Quand je parle des bretelles raccrochées ou q.q. chose d’analogue (ou même ailleurs) dire : Car le s souvenir s en amour ne f[on]t pas exception aux lois générales de la mémoire, elle-même régie par les lois de l’habitude. Comme celle-ci affaiblit tout, ce qui nous rappelle le mieux un être c’est justement ce que nous avions oublié (oublié parce que c’était insignifiant et à quoi nous avons laissé ainsi toute sa force) » (verso du deuxième feuillet suivant le f. 8 du Cahier 56, transféré dans le Cahier XIII, f. 2). L'ensemble a été rayé en croix parce qu'utilisé ailleurs, conformément à une note de régie additionnelle : « Je mets cela provisoirement pour Gilberte dans un volume antérieur / peut’être cela n’y restera-t-il pas ». On le lit en effet aujourd’hui au début de « Noms de pays : le pays » (RTP, II, 4). Le passage, imprimé dès les premières épreuves Gallimard (planche n° 17), avait été ajouté à la main par Proust sur le placard Grasset n° 44 du deuxième volume (planche n° 21, coll. particulière ; voir Pyra Wise, « Le généticien en mosaïste », Genesis, 2013, n° 36). Rappelons que Proust recopie certains passages de la présente lettre-dédicace d’après le placard Grasset corrigé n° 42 de la même série (voir n7 et n8) : peut-être l’idée de transférer le présent passage d’Albertine à Gilberte lui est-elle venue en écrivant cette dédicace ? Avant même la publication d'À l'ombre des jeunes filles en fleurs, toutefois, Proust répète à propos d'Albertine ce passage des « lois générales de la mémoire » (Cahier XIII, paperole au f. 37r ; RTP, Pléiade, éd. Clarac et Ferré, III, 1105, note 1 à la p. 531). On ne sait s'il aurait, au bout du compte, conservé le doublon. Les interventions sur la dactylographie de double d'« Albertine disparue » conservée à la Bibliothèque nationale ne sont pas de sa main, contrairement à ce que suggère RTP, IV, 113 var. a. [NM]
  26. Proust recopie ici, à nouveau sans signaler la citation, l’essentiel des f. 32r-33r du Cahier 56 (K. Yoshikawa, thèse citée, Annexe, t. II, p. 348-350). Cf. RTP, IV, 138-139. [PK, FL, NM]
  27. Ce passage a été esquissé à l’automne de 1914 dans le Cahier « Vénusté », d’après la lettre CP 02830 à Reynaldo Hahn (voir sa n6). Proust le reprend ici d’après la version ultérieure du Cahier 56, f. 56 (K. Yoshikawa, thèse citée, Annexe, t. II, p. 350 ; page scindée ensuite, voir Cahier XIV, f. 119, envers du papier collé) : « Albertine n’aurait rien pu reprocher à son ami ; celui qui en usurpait le nom n’était que son héritier. On ne peut être fidèle qu’à ce dont on se souvient, on ne peut se souvenir que de ce qu’on a connu. Mon moi nouveau, tandis qu’il grandissait à l’ombre mourante de l’ancien, l’avait souvent entendu parler d’Albertine ; à travers lui, à travers les récits que le moribond lui en faisait, il croyait la connaître, il l’aimait ; mais ce n’était qu’une tendresse de seconde main. » Cf. RTP, IV, 175. [PK, FL, NM]
  28. Voir Cahier 56, f. 118r : « Comme certains bonheurs, il y a des malheurs qui viennent trop tard, ils ne prennent pas pour nous toute la grandeur que plus tôt ils auraient eue. » Cf. RTP, IV, 181. [PK, FL, NM]
  29. Voir Cahier 56, f. 104v. La moitié inférieure du feuillet a été transférée dans le Cahier XIV, f. 108r (K. Yoshikawa, thèse citée, Annexe, t. II, p. 350-351). Cf. RTP, IV, 222-223. [PK, FL, NM]
  30. (Notes de traduction)
  31. (Contributeurs)